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Édition & autoédition

Auteur hybride, indépendant, édité… késaco ?

Vous avez peut-être croisé ces différents termes pour définir le statut d’un auteur ou une autrice. Il ne s’agit pas de statuts à proprement parler, mais plutôt d’un mode d’édition. Si tout cela est obscur pour vous, voici comment différencier un auteur hybride d’un indépendant et d’un édité.

Le statut d’auteur édité

Il s’agit de l’auteur·ice édité·e par une maison d’édition à compte d’éditeur. L’éditeur assume toutes les dépenses (couverture, impression, corrections…). Ici, l’auteur cède à l’éditeur le droit d’exploiter commercialement son œuvre. En contrepartie de cette cession, l’éditeur verse à l’auteur les droits d’auteur, correspondant à un pourcentage sur chaque livre vendu.

Cette notion de cession de droits est très importante, car elle veut dire que l’auteur édité n’est pas libre : il est contractuellement lié à son éditeur et ne peut donc pas faire ce qu’il veut de son livre (même choisir la couverture ou le titre sont normalement du ressort de l’éditeur).

Les revenus de l’auteur édité

Ces auteurs touchent des droits d’auteurs, versés par leur éditeur (une fois par an… normalement). Ces droits d’auteurs sont fixés dans un contrat conclu entre l’éditeur et l’auteur : entre 5 et 15 % du prix public HT. C’est-à-dire que sur un livre vendu 19 € TTC, un auteur qui a 8% de droit d’auteur touche… 1,43 € (ouais, ça fait rêver !😂).

Campagne de la Charte des auteurs
et illustrateurs jeunesse sur le salaire des auteurs.

L’auteur édité a le statut juridique d’artiste-auteur, il est affilié à une caisse particulière de l’Urssaf (la caisse du Limousin, même s’il vit à Paris ou à Marseille). Il déclare chaque année ses droits d’auteur à cette caisse et paie des cotisations, comme n’importe quel entrepreneur (mais elles sont un peu moins élevées). En revanche, l’affiliation comme artiste-auteur ne donne pas systématiquement droit à la sécurité sociale des auteurs et à la couverture sociale (il faut atteindre un certain montant de revenus pour ça).

Le statut juridique d’artiste-auteur est compatible avec absolument tous les autres, que vous soyez salarié, fonctionnaire, demandeur d’emploi, retraité, etc. Cependant, l’Urssaf Limousin est une calamité administrative comme on en a rarement vu (généralement, je défends la fonction publique, mais là, franchement, il y a des aberrations indéfendables).

Les avantages du statut d’auteur édité

  • L’auteur n’a qu’à écrire son roman : l’éditeur se charge des relectures, corrections, mise en page, couverture…
  • L’éditeur gère (normalement) la promotion et la communication.
  • L’auteur touche une avance sur ses droits d’auteur avant même la publication (ça s’appelle l’à-valoir).

Les inconvénients d’être auteur édité

  • L’auteur est soumis au calendrier éditorial de l’éditeur (parfois long !).
  • L’éditeur peut imposer le titre et la couverture.
  • Le versement des droits d’auteur est parfois aléatoire. En dehors de l’à-valoir, les droits sont en outre versés un an voire 18 mois après.
  • Le statut artiste-auteur est mal géré et très peu protecteur.

Le statut d’auteur indépendant ou auto-édité

L’autoédition est aussi vieille que l’édition, mais elle a connu un véritable essor en parallèle avec celui des liseuses numériques. On cite toujours des exemples d’écrivains célèbres qui se sont auto-édités, comme Virginia Wolf ou Jane Austen.

L’autoédition consiste pour l’auteur à être son propre éditeur. Il prend donc en charge toutes les dépenses liées à l’édition de son livre. Ça va du graphiste pour la couverture au correcteur, en passant par la communication, et bien sûr l’impression des exemplaires s’il s’agit d’un format papier.

Même si la mise de fonds est parfois conséquente, l’auto-édition est différente de l’édition à compte d’auteur. Là aussi, l’auteur paie pour éditer son livre, mais il délègue tout à un prestataire et n’a pas la main sur les différents éléments (voir les autres différences entre les deux ici).

Or, le principe de l’autoédition, c’est d’être libre : c’est pour ça qu’on parle plus volontiers d’auteur indépendant. Vous choisissez votre graphiste, votre correcteur, votre imprimeur, etc. L’auteur maîtrise tout de A à Z, même s’il se fait aider par d’autres professionnels.

Les revenus de l’auteur indépendant

Contrairement à l’auteur édité, l’écrivain indépendant ne touche pas de droits d’auteur, puisqu’il ne cède rien à personne (il conserve ses droits d’exploitation commerciale sur son œuvre). C’est d’ailleurs une autre différence avec le compte d’auteur, où l’écrivain cède également ses droits.

En auto-édition, l’auteur touche des « royalties » ou des « redevances ». Il s’agit là aussi d’un pourcentage sur le prix public HT, mais il est relativement plus élevé que pour l’édition. On varie entre 30 et 70 %, desquels il faut enlever la commission des librairies et distributeurs.

Il faut aussi ôter le coût de l’impression du livre. Par exemple, pour Un pont sur l’eau trouble, mon dernier roman vendu 19€ TTC, j’ai une redevance de 60%. Le prix HT est à 18,01, le coût d’impression 4,51 € et je touche 6,29 € sur chaque exemplaire vendu. On est loin des 1,43 € en édition !

En termes de statut, l’autoédition a longtemps été exclue du statut artiste-auteur et les auteurs indépendants étaient donc contraints d’ouvrir une entreprise individuelle, une micro-entreprise ou une association. Aujourd’hui, il est possible de déclarer ses redevances d’auto-édition à l’Urssaf Limousin. L’avantage est d’avoir des taux de cotisation moins élevés qu’en micro-entreprise par exemple.

Les avantages d’être auteur indépendant

  • L’auteur maîtrise tout de A à Z en ce qui concerne son livre (couverture, maquette, date de sortie…).
  • Les redevances sont plus importantes que les droits d’auteur et versées rapidement (entre 1 et 6 mois).
  • Les délais sont plus rapides et dépendent de l’auteur.
  • Possibilité d’avoir le statut artiste-auteur.

Les inconvénients d’être auteur indépendant

  • Toutes les dépenses sont à la charge de l’auteur.
  • L’auteur peut se sentir seul à bord et manquer d’expertise sur certains domaines.
  • L’auto-édition souffre d’une mauvaise image et est boudée par certains lecteurs (et professionnels du livre : libraires, bibliothécaires, salons…), même si cela évolue.

Le statut d’auteur hybride

Vous l’aurez sûrement compris en lisant ce billet, l’auteur hybride n’est autre qu’un auteur ou une autrice qui publie à la fois chez un éditeur et en auto-édition. Il peut ainsi bénéficier des compétences d’un éditeur ou de son réseau de distribution/diffusion pour un genre particulier (la jeunesse par exemple). En auto-édition, il peut publier des livres à cheval sur plusieurs genres et qui n’auraient pas leur place chez un éditeur.

L’auteur auto-édité peut aussi basculer chez un éditeur, car de nombreuses maisons font désormais leur « marché » dans les rangs des indépendants. L’inverse est aussi vrai : des auteurs édités aussi connus que Stephen King ou Paulo Coehlo ont choisi l’auto-édition pour certains de leurs livres.

Les revenus de l’auteur hybride

Il s’agit à la fois de droits d’auteur et de redevances. Lorsqu’il n’était pas possible de déclarer ses redevances en tant qu’artiste-auteur, c’était très contraignant. En effet, l’auteur devait avoir une déclaration pour ses revenus d’auto-édition et une autre pour ses droits d’auteur. Aujourd’hui, il peut tout déclarer auprès de l’Urssaf Limousin (mais beaucoup d’auteurs ont conservé leur micro-entreprise vu le bazar de cette chère Urssaf…).

L’avantage de l’hybride, c’est de pouvoir cumuler des redevances intéressantes et des droits d’auteurs moins rémunérateurs, mais souvent assortis d’une promotion et d’une visibilité plus importantes.

Les avantages d’être auteur hybride

  • L’auteur bénéficie des points forts des deux statuts et peut choisir l’un ou l’autre en fonction des livres.
  • La visibilité et la communication de l’éditeur rejaillit sur les ouvrages auto-édités.
  • Une plus grande légitimité de l’auteur envers les lecteurs et envers les professionnels du livre.

Les inconvénients d’être auteur hybride

  • L’auteur cumule les inconvénients des deux statuts !
  • S’il a conservé deux structures, il faut doubler les déclarations et démarches administratives pour chaque source de revenus.
  • Les calendriers des éditeurs sont prioritaires sur les projets auto-édités et il faut savoir gérer son planning.

Si vous voulez en savoir plus sur les auteurs hybrides, je vous invite à aller visionner l’émission de Nathalie Bagadey du 25 février dernier et dans laquelle je suis intervenue.

J’espère que vous y voyez plus clair dans les différents statuts de l’auteur·ice. Il y a encore beaucoup à dire sur chacun d’entre eux. Si vous avez des questions, je vous invite à les poser en commentaires ou à m’écrire ici. Je vous répondrai avec plaisir !

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